Extraction d'or au Burkina Faso

Comment l’or sème la faim

Florent Ouédraogo* est hors de lui: «La mine d’or de Bissa a inondé mes terres.» La vision est dantesque: derrière le cultivateur se dresse un arbre mort au milieu d’un lac qui fait tache dans le paysage aride. C’est là que se trouvent ses champs.

Tout a commencé début août 2012: un bassin de rétention de la mine lâche et inonde les champs et les maisons alentours. Depuis, l’eau ne s’est pas encore écoulée. De nombreuses familles de paysans ont perdu leurs terres. L’eau dans le village de Soyala n’est plus de qualité suffisante.

Nous ne pouvons plus boire l’eau, elle est polluée. J’ai perdu cinq hectares. J’y plantais du millet, du sésame et des niébés. Maintenant, je n’ai plus que 1,5 hectare pour nourrir mes dix enfants.

Des progrès réduits à néant

Depuis quelque temps, Florent bénéficiait du soutien de Soutong Nooma, un partenaire local d’Action de Carême. L’organisation le forme à des techniques agricoles durables. Le paysan fait son compost, dresse des diguettes autour de ses champs pour lutter contre l’érosion et applique la méthode traditionnelle zaï.

Florent obtient alors 20 sacs de 100 kilos de millet et six de niébés. Il peut mieux faire face à la période de soudure, le moment de l’année où les greniers sont vides. Mais l’inondation que la mine a provoquée a réduit ces progrès à néant.

Pour compenser les dommages, Florent a reçu une indemnité. Mais il n’a pas pu acquérir de nouvelles terres. Et  pour cause: selon la tradition burkinabè, on hérite de la terre, on ne l’achète pas.

*Nom d’emprunt

De l’or raffiné en Suisse

Soyala n’est pas un cas isolé: à elle toute seule, la mine de Bissa a fait perdre à plus de 3000 femmes et hommes champs et maison. Les enquêtes menées par Action de Carême à proximité de trois mines aboutissent aux mêmes conclusions: l’extraction de l’or détruit les moyens de subsistance des populations locales, viole les droits humains et ne respecte pas suffisamment le droit de consultation des populations.

L’or extrait de ces trois mines est raffiné en Suisse par Metalor et Pamp, deux des plus grandes raffineries au monde. Les trois mines en question n’ont pratiquement que ces deux entreprises comme clientes. Les deux raffineries pourraient dès lors exercer une influence sur ces mines. Mais visiblement, elles ne le font pas assez.

Signez l’initiative « Pour des multinationales responsables » pour demander que les multinationales basées en Suisse prennent leurs responsabilités.

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