D’un point de vue général, la transparence est un sujet compliqué pour l’industrie électronique. Comme elles évoluent dans un environnement fortement concurrentiel où les innovations technologiques s’enchaînent rapidement, les grandes marques avancent à couvert. De plus, les chaînes d’approvisionnement sont longues et tortueuses, passant par une multitude de couches de fournisseurs et de sous-traitants, ce qui ne facilite pas l’analyse des conditions de fabrication des appareils.
Il existe toutefois des différences considérables d’une entreprise à l’autre par rapport aux informations qu’elles rendent publiquement accessibles. Nous constatons notamment un fossé entre, d’une part, les sociétés américaines et occidentales et, d’autre part, celles du continent asiatique, ces dernières accordant moins d’importance à la transparence de leur communication. Les rapports de RSE d’Huawei et d’HTC, par exemple, ne contiennent aucune information de fond. Par rapport à 2014, c’est Asus qui obtient le plus de points supplémentaires en matière de transparence, rejoignant ainsi les entreprises du milieu de classement, parmi lesquelles on compte aussi Samsung, Lenovo, Acer et Sony. Ces sociétés font preuve de transparence dans leur rapport de RSE en donnant des informations détaillées sur leur chaîne d’approvisionnement. Le haut du classement regroupe HP, Apple et Dell qui, en plus de donner des renseignements exhaustifs sur leur chaîne d’approvisionnement, fournissent toute une série de détails sur leurs sous-traitants, y compris leur nom et leur adresse, permettant de vérifier directement ces informations. Pourtant, même ces sociétés semblent avoir atteint un plafond en matière de transparence puisque la situation a à peine progressé depuis 2014. Les statistiques que publient les entreprises de notre classement ne permettent pas de tirer des conclusions sur certains sujets primordiaux, comme la proportion de salarié-e-s syndiqués ou la mise en place d’un mécanisme de plainte et l’issue des éventuelles procédures. En fait, Apple a même reculé en matière de transparence comparé à 2014, l’entreprise ayant décidé de ne plus publier les résultats de certains audits, comme l’exigeait auparavant son adhésion à la Fair Labor Association. Le champ des informations publiées dans leur rapport constitue un autre problème qui a peu évolué depuis 2014 : la majorité des entreprises publient des informations sur leurs fournisseurs directs et, de manière plus fragmentaire, sur les sous-traitants de ces derniers. Elles considèrent trop compliquée l’intégration de niveaux logistiques supplémentaires malgré une communication facilitée par les moyens électroniques désormais mis en oeuvre. Une telle attitude augmente d’autant plus le risque de tomber sur des conditions de travail non conformes chez ces fournisseurs « cachés ».
A contrario, des améliorations par rapport à 2014 ont été notées en ce qui concerne la provenance de potentiels minerais des conflits tout comme les éventuelles émissions de gaz à effet de serre. Comme déjà évoqué plus haut, ceci peut s’expliquer par le caractère contraignant des normes et des législations internationales régissant ces questions et par la mise en place de systèmes incitatifs.