
Accaparement des terres
Depuis que le monde de la finance a découvert que le sol pouvait être un placement lucratif, l’accaparement des terres progresse à toute vitesse. En Indonésie, des multinationales défrichent d’énormes surfaces de forêt primaire et chassent les populations pour cultiver des palmiers à huile. En Afrique, des investisseurs mettent en fermage d’immenses surfaces pour y produire du biocarburant. Alors que de nombreuses ethnies respectent la terre nourricière, des investisseurs réduisent le sol au rang de marchandise.
La façon de penser des investisseurs qui se sont emparés de millions d’hectares aux quatre coins du monde filtre parfois dans certains documents. « Par endroits, c’est la première fois que les terres ont été valorisées et rendues aptes à l’agriculture », écrivait le Ministère fédéral allemand pour la coopération économique et le développement à propos du projet du groupe genevois de biocarburant Addax en Sierra Leone. Un point de vue largement répandu parmi les investisseurs et qui sert régulièrement d’argument depuis l’époque coloniale. Mais à y regarder de plus près, cette justification s’avère être de la poudre aux yeux. Le fait est que les grosses transactions de ces dernières années ont mis en location d’énormes surfaces de terre, sur lesquelles la population avait jusqu’alors cultivé sa nourriture, fait paître son bétail ou ramassé du bois de chauffe et des plantes médicinales.
Banques suisses impliquées
L’argent destiné à l’industrie lucrative de l’huile de palme provient d’investisseurs du monde entier. Des banques suisses ont aussi accordé des crédits et des services financiers à des multinationales dont les filiales s’approprient des terres pour leurs plantations, en dehors de toutes règles internationales. Ainsi, le Credit Suisse a, par exemple, pris part à l’émission d’actions du groupe indonésien DSN, dont les filiales Rimba Utara et Mandiri Agrotama Lestari harcèlent le village de Sungai Utik et les communes avoisinantes. A Ulak Pauk, un village proche, un groupe d’habitants a rédigé un manifeste contre les plantations. Leur chef, Marselus Alek, explique : « Nous nous opposons aux plantations de palmiers à huile car nous voyons le comportement déloyal de Rimba Utara. Ils sont venus dans notre village sans nous en informer, n’ont jamais cherché notre assentiment. Nous croyons qu’ils vont s’accaparer nos terres sans permission, car notre village se trouve au milieu des plantations », dit-il, révolté. « Ils nous volent. » C’est la raison pour laquelle des villageois se sont regroupés pour combattre ensemble les entreprises d’huile de palme.
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Dossier 1/17 sur le thème de l'accaparement des terres
Une planète aux enchères ?
Le sol transformé en placement financier au détriment des populations locales