Dans les pays du Sud, la faim est avant tout associée à la pauvreté et à un risque de mort. Or, la sous-alimentation, la malnutrition et le manque de perspectives de développement et de réalisation du potentiel qu’elle engendre sont également des causes et des conséquences de la faim.
Que peut signifier la faim chez nous, dans les pays du Nord ?
Dans les pays du Nord, et en particulier en Suisse, nous ne connaissons effectivement plus guère la faim au sens « classique » du terme. Bien que chez nous aussi, des personnes vivent en dessous du minimum vital, bon nombre d’entre nous ont le privilège de s’asseoir plusieurs fois par jour devant une assiette pleine.
Nous connaissons bien la faim au sens de désir, d’aspiration. En tant qu’aumônière, je constate ainsi une faim accrue de sens, de paix et de cohésion plutôt que d’opposition.
Vous dîtes que vous constatez une faim de cohésion. Pouvez-vous développer un peu ?
Dans mon travail de pasteure dans un village de l’Emmental, mais aussi en tant qu’aumônière dans le monde digital, je rencontre souvent des personnes qui me disent qu’elles ne supportent plus les explosions de haine, qui se sont malheureusement accrues et renforcées en raison de ces dernières années difficiles. Ces personnes aspirent à un sentiment de cohésion plus fort. Un sentiment de cohésion qui n’implique pas forcément que nous soyons d’accord sur tout, mais que nous laissions de côté nos différences ou nos opinions divergentes et cessions de les évaluer en permanence.